À partir de 2025, la génération Z représentera près d’un tiers des actifs en France. Selon une enquête menée par Deloitte, 49 % d’entre eux envisagent de changer d’employeur d’ici deux ans, un taux inédit par rapport aux générations précédentes.
Les entreprises multiplient les dispositifs pour attirer ces profils, mais peinent à les fidéliser durablement. Les attentes exprimées diffèrent des modèles traditionnels, bousculant les méthodes de management et les pratiques RH établies.
Plan de l'article
Génération Z au travail : un nouveau rapport à l’emploi
Impossible d’ignorer la singularité du rapport qu’entretient la génération Z, ces jeunes nés entre 1997 et 2012, au monde du travail. Ce sont des digital natives : ils ont grandi avec un smartphone à portée de main, évoluent dans un univers où la connexion permanente n’est pas un choix mais une évidence. Résultat ? Leur façon de travailler, d’apprendre, de s’engager ne ressemble à rien de connu. Ils adoptent les nouvelles technologies sans effort, changent de repères à toute vitesse et n’ont aucune patience pour les hiérarchies figées.
Deux priorités guident leur parcours : indépendance et expression de soi. Les structures qui laissent de la place à l’autonomie, qui encouragent l’initiative et l’authenticité, retiennent davantage leur attention. L’esprit d’entreprendre nourrit aussi leur vision de la carrière. Beaucoup préfèrent enchaîner les projets ou cumuler plusieurs activités plutôt que s’enfermer dans une seule voie toute tracée. Le CDI, autrefois Graal absolu, n’est plus considéré comme le passage obligé.
Comparer cette génération aux milléniaux (nés entre 1981 et 1996) révèle un écart net. Là où la génération Y misait sur le collectif et la dynamique d’équipe, les Z revendiquent leur originalité. Ils souhaitent que leur environnement de travail reflète leurs convictions, sans compromis.
Pour mieux cerner leurs attentes, voici ce qui revient le plus souvent :
- La génération Z accorde une grande valeur à la cohérence entre ses engagements personnels et ses missions professionnelles.
- Leur attachement aux technologies numériques ne se limite pas à la communication : il influence aussi la manière d’organiser le travail et de collaborer.
- Leur désir d’indépendance s’exprime dans une mobilité professionnelle marquée : les fidéliser s’avère complexe pour les entreprises.
Qu’est-ce qui distingue vraiment les attentes professionnelles des jeunes Z ?
La génération Z ne se contente pas d’intégrer le monde du travail, elle en repense les contours. Pour ces jeunes, l’emploi doit avoir du sens, être en phase avec leurs valeurs et leur identité. Leur familiarité avec le numérique ne s’arrête pas à la sphère des réseaux sociaux : elle influence leur rapport à l’organisation, à la hiérarchie, à la manière de communiquer.
Ce qui compte, c’est la reconnaissance de leur singularité. Pas question de se fondre dans la masse ou de disparaître derrière un collectif anonyme. Ils attendent que leurs compétences, leurs idées et leur personnalité soient prises en compte. Davantage que la stabilité salariale, ils recherchent la possibilité d’innover, de prendre des initiatives, et de s’affirmer en tant qu’acteurs à part entière. L’indépendance guide leur rapport à l’emploi : horaires flexibles, liberté de mouvement, diversité des missions. Le CDI n’a plus le monopole de la sécurité.
Trois attentes structurent leur vision :
- Ils privilégient la flexibilité : adaptation des horaires, télétravail, équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
- L’autonomie et la reconnaissance individuelle sont indispensables à leur engagement.
- Ils sélectionnent leur environnement en fonction de l’alignement avec leurs convictions et leur mode de vie.
L’esprit entrepreneurial marque fortement leur parcours. Ils n’hésitent pas à multiplier les expériences, à tester, à refuser la routine. Leur rapport à la hiérarchie s’en trouve bouleversé : transparence, confiance et réactivité sont exigées. Pour ces jeunes, le travail doit rimer avec aventure et affirmation de soi, pas avec conformité.
Défis pour les entreprises : s’adapter ou risquer de décrocher
Les employeurs font face à un choix clair : se transformer ou voir la génération Z leur filer entre les doigts. Ces jeunes, baignés dans le numérique et habitués à une certaine autonomie, ne se reconnaissent pas dans les modèles classiques. Les sociétés qui persistent à imposer le présentéisme ou à maintenir une hiérarchie verticale peinent à retenir ces nouveaux talents.
Les attentes ont bougé. Là où la génération Y plébiscitait l’esprit d’équipe et la maîtrise des outils technologiques, les Z cherchent avant tout à s’exprimer et à bénéficier d’une véritable flexibilité. La possibilité de télétravailler, d’être autonome sur les projets, la reconnaissance individuelle : ces critères pèsent souvent plus lourd dans la balance que le salaire ou le titre.
Voici les axes de transformation qui s’imposent aujourd’hui aux entreprises :
- Revoir le management : privilégier l’horizontalité, instaurer la confiance et la transparence.
- Réinventer le recrutement : davantage axé sur la créativité et l’initiative que sur le parcours académique classique.
- Proposer un environnement en phase avec l’identité et les repères de la génération Z.
Attirer et fidéliser ces profils requiert une remise à plat en profondeur. Les entreprises qui souhaitent rester dans la course doivent se saisir de cette urgence. Les Z ne patientent pas : ils comparent, choisissent, partent si besoin. S’accrocher aux anciennes méthodes, c’est se priver de l’élan, de la créativité et de l’énergie que ces jeunes incarnent.
L’éducation face aux aspirations de la génération Z : quelles évolutions nécessaires ?
Avec la génération Z, l’école et l’enseignement supérieur se retrouvent face à un défi inédit. Ces jeunes, nés entre 1997 et 2012, attendent bien plus que la transmission de savoirs : ils veulent un système qui valorise l’autonomie et l’expression de soi, loin des modèles de conformité. L’institution scolaire, longtemps centrée sur la verticalité, doit changer de cap.
Leur rapport aux connaissances s’est transformé. Pour eux, accéder à l’information n’est qu’une étape. Ce qu’ils attendent de l’école, c’est le développement de leur créativité, leur capacité à entreprendre, à collaborer, à faire face à l’incertitude. Selon une étude du CNRS citée par Elodie Gentina, l’indépendance dans l’apprentissage, la participation active et le droit à l’erreur deviennent des exigences centrales.
Pour répondre à ces attentes, plusieurs pistes émergent :
- Mettre en place des méthodes pédagogiques interactives, où l’étudiant prend part à la construction du savoir.
- Encourager l’initiative individuelle, l’expérimentation et la prise de recul critique.
- Accorder une place à l’écrit, mais aussi à de nouveaux langages numériques adaptés à leur environnement.
Les acteurs de l’éducation n’ont plus le luxe d’attendre. Si l’école ne bouge pas, le fossé avec le monde professionnel ne fera que se creuser. La génération Z réclame une refonte profonde du rapport pédagogique : repenser la transmission, ouvrir la porte à la créativité et à l’initiative individuelle.
À l’heure où la génération Z impose ses codes, le monde du travail et l’éducation n’ont plus le choix : s’adapter ou regarder filer cette vague d’énergie et de nouveauté. L’avenir appartient à ceux qui oseront bouger les lignes, sans se retourner.