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Pourquoi la dyshidrose touche davantage l’été

La chaleur ne fait pas que rougir les joues ou faire suer les fronts. L’été, pour certains, c’est aussi la saison redoutée des mains qui pèlent, sans douleur ni démangeaison, mais avec cette gêne persistante que rien ne semble calmer.

Êtes-vous confiant du diagnostic ?

Pour repérer la kératolyse exfoliativa, tout commence par un récit précis et un examen attentif. Les personnes concernées évoquent des épisodes réguliers de desquamation, principalement sur les paumes, parfois sur la plante des pieds, revenant toutes les quelques semaines. Les jeunes adultes sont les plus concernés, et la situation empire souvent avec la montée des températures estivales ou sous l’effet d’un climat chaud.

Certains notent que la situation se complique au contact répété de l’eau, des savons ou des produits détergents. D’autres relient l’apparition des symptômes à une transpiration excessive. La plupart du temps, il n’y a ni démangeaison, ni gêne majeure, même si une discrète sensibilité peut parfois s’inviter. Cette affection fréquente passe souvent sous les radars médicaux, tant elle est peu symptomatique.

À l’examen, il est possible d’identifier des zones symétriques, parfois irrégulières et en forme d’anneau, marquées par une fine desquamation sur les paumes, plus rarement sur les semelles (voir l’illustration ci-dessous). L’érosion progresse vers l’extérieur, laissant une collerette de peau adhérente. Aucun signe d’inflammation : la peau reste calme, sans rougeur ni gonflement.

Photographie de kératolyse exfoliativa sur la main.

Les examens complémentaires ne sont presque jamais nécessaires. Le diagnostic s’appuie sur l’aspect clinique. En cas de doute, un prélèvement pour examen au KOH ou une culture fongique peuvent aider à écarter le tinea, mais ces tests restent négatifs. Un test épicutané permet également d’écarter une dermatite allergique de contact, là encore sans résultat positif dans cette affection.

Pour distinguer la kératolyse exfoliativa des autres pathologies, il convient d’examiner quelques diagnostics à ne pas confondre :

  • Eczéma dyshidrotique (pompholyx) : il s’installe dans la durée, s’accompagne de démangeaisons, de fissures et d’un épaississement de la peau.
  • Pustulose palmoplantaire ou psoriasis des paumes et plantes : parfois repérable grâce à la présence d’autres plaques de psoriasis, à la vue de pustules, et par la chronicité de la maladie.
  • Dermatite allergique de contact : elle gratte, répond aux crèmes corticoïdes, s’annonce par des rougeurs et survient souvent après un contact identifié.
  • Tinea : repérable avec des modifications des ongles ou des démangeaisons, ne pèle pas de la même manière, résultat positif au grattage fongique, et réagit aux traitements antifongiques.

La kératolyse exfoliativa est fréquente, bien que les données précises manquent, car la plupart ne consultent pas pour ce motif. Certaines études suggèrent un lien avec la dermatite atopique, d’autres évoquent la transpiration excessive comme facteur aggravant.

Côté causes, il faut accepter de naviguer à vue. L’origine précise de la kératolyse exfoliativa reste inconnue, même si la chaleur et la sueur semblent aggraver la situation. Des microtraumatismes ou des agressions chimiques mineures de la couche cornée pourraient également jouer un rôle, entraînant une séparation superficielle de l’épiderme.

Aucune complication systémique à signaler, ni de conséquences graves. On observe parfois une association avec des antécédents d’asthme ou d’allergies, sans que cela ne change fondamentalement la prise en charge.

Options de traitement

Voici les mesures à envisager lorsque la pathologie gêne le quotidien :

  • Limiter le contact avec les irritants, porter des gants lorsque le contexte l’impose, maintenir une bonne hydratation de la peau.
  • En cas de transpiration excessive, traiter l’hyperhidrose si besoin.
  • Crèmes kératolytiques à base d’urée, d’acide lactique, de lactate d’ammonium ou d’acide salicylique, à appliquer une à deux fois par jour.
  • Les corticostéroïdes topiques, bien qu’utilisés, ne sont généralement pas très efficaces dans ce contexte.
  • Dans de rares cas sévères, la photochimiothérapie PUVA (psoralène et ultraviolets A) peut être envisagée, mais cette solution reste marginale et réservée aux formes rebelles.

Les traitements chirurgicaux n’ont pas leur place ici, et il faut bien insister sur le caractère bénin de la maladie auprès des personnes concernées. Beaucoup cherchent surtout à mettre un nom sur leur souci, sans forcément rechercher de traitement à tout prix.

Contrôler tous les éléments déclenchants ou aggravants est recommandé. Protéger les mains, limiter l’exposition aux produits agressifs, privilégier l’hydratation régulière. Si une hyperhidrose est présente, il existe des solutions : l’application de Drysol le soir sur une peau bien sèche ou, dans certains cas, l’utilisation de glycopyrrolate par voie orale (1 mg, 2 à 3 fois par jour).

L’hydratation quotidienne, intensive, s’avère souvent la stratégie la plus fiable et la plus sûre. Les crèmes à base d’urée (20 % ou 40 %), de lactate d’ammonium (12 %), d’acide salicylique (6 %) ou d’acide lactique (12 %) font partie des options les plus efficaces. Ces soins peuvent être utilisés jusqu’à deux fois par jour, selon la tolérance et les préférences.

Un essai court de corticostéroïdes topiques puissants (dipropionate de bétaméthasone 0,05 % ou clobétasol 0,05 %) peut être envisagé pendant deux semaines, mais le bénéfice reste modeste, la maladie n’ayant pas d’inflammation notable.

Dans quelques textes spécialisés, la photochimiothérapie PUVA est citée pour les cas difficiles, mais son recours doit rester l’exception et être réservé aux formes réellement invalidantes. Le manque de recul sur cette technique impose la prudence.

Gestion des patients

Une explication claire de l’évolution naturelle de la kératolyse exfoliativa s’impose avant toute démarche thérapeutique. Il est fondamental de rappeler que la maladie est bénigne et que, dans la majorité des cas, elle s’atténue spontanément avec le temps.

Les différentes options thérapeutiques relèvent souvent de l’empirisme. Si la situation s’aggrave ou que de nouveaux symptômes apparaissent, il est judicieux de réexaminer le diagnostic et d’envisager d’autres pistes. Dans la plupart des cas, un traitement local par hydratants ou kératolytiques suffit, avec un suivi adapté à l’évolution.

En cas de tableau clinique atypique, il convient de questionner à nouveau le diagnostic afin de ne pas passer à côté d’une situation différente nécessitant une prise en charge spécifique.

Qu’ est-ce que la preuve ?

Lee, YC, Rycroft, RJ, White, IR, McFadden, JP. » Peeling palmaire focal récurrent ». Australas J Dermatol. vol. 37. 1996. p. 143-4. (Trois cas de desquamation palmaire récurrente, dont deux initialement pris pour des dermatites chroniques. L’article décrit les critères cliniques pour différencier ces entités.)

Abdel-Hafez, K, Safer, AM, Selim, MM, Rehak, A. » Peeling continu de la peau familiale ». Dermatologica. vol. 166. 1983. p. 23 à 31. (Description du profil microscopique de la kératolyse exfoliativa, en comparaison avec les formes héréditaires d’exfoliation cutanée.)

Lee, HJ, Ha, SJ, Ahn, WK, Kim, D, Park, YM, Byun, DG. » Évaluation clinique de la dermatite atopique main-pied ». Pediatr Dermatol. vol. 18. 2001. p. 102-6. (Étude sur 108 enfants souffrant de dermatite atopique main-pied, signalant la fréquence élevée de kératolyse exfoliativa chez ces patients.)

Lorsqu’au retour des beaux jours, la peau des mains se délite discrètement, mieux vaut savoir y voir clair : derrière la gêne, une affection bénigne, et derrière l’aspect inesthétique, la promesse d’un retour à la normale, pour peu que l’on sache s’armer de patience et de bons gestes.

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